Entre quatre murs

« Et que l’on estime perdue tout journée où l’on n’aura pas dansé au moins une fois » Friedrich Nietzche

Moïra Christiann est danseuse contemporaine à « l’Atlantique Ballet Contemporain », une formation préprofessionnelle de danseur interprète située à La Rochelle. Le 12 mars, comme toute la France, Moïra a écouté attentivement l’allocution du Président de la République. Elle était abattue lorsqu’elle a compris que ses cours, ses spectacles et interventions en public allaient inévitablement être annulés. Moïra fit le choix de me rejoindre à Perpignan.
Entre ces quatre murs, elle a appris à reconcevoir sa manière de danser. Pour une barre de danse classique en visioconférence ou un travail abdominal sur le tapis, elle a réaménagé l’appartement pour en faire son nouveau terrain de jeu. Lorsque nous sortions, tout était prétexte à danser. Et un contact régulier avec ses professeurs de danse et ses amis l’ont maintenue en éveil et lui on permit de garder son envie de danser intacte.

Les journées se ressemblent et Moïra réalise qu’il faudra redoubler d’effort pour ne pas perdre sa forme et participer à d’autres auditions et poursuivre sa carrière malgré ce bouleversement. bouleversement.

Entre quatre murs

« Et que l’on estime perdue tout journée où l’on n’aura pas dansé au moins une fois » Friedrich Nietzche

La journée commence, elle se profile comme les précédentes mais Moïra se prépare à l’affronter.

Avant de se lancer, elle s’étire et s’échauffe. Elle ne danse pas tous les jours, mais il faut se maintenir en forme, alors Moïra s’arme de volonté et se prépare à danser.

« Après quelques jours de confinement, j’ai fini par tourner en rond en improvisant dans le salon. L’appartement est petit alors j’ai voulu travailler sur des parties spécifiques de mon corps pour danser dans un espace restreint tout en explorant de nouvelles voies créatives. »

En fin de matinée, Moïra a rendez-vous avec ses professeurs et les camarades de sa formation pour une barre de classique en visioconférence. En prenant appui sur une chaise, elle effectue en suivant les consignes de son professeur, un exercice d’échauffement de danse classique. Il s’agit d’un travail lui permettant de prendre conscience de ses défauts et problèmes de placement afin d’améliorer sa posture en danse contemporaine.

Après l’effort, la jeune danseuse s’installe devant son ordinateur et joue à un jeu vidéo. « Je suis une personne angoissée, jouer me permet de me détendre et de m’évader de cette réalité décourageante. »

Comme souvent à Perpignan, le soleil brille et il fait chaud. Nous avons besoin de prendre l’air quelques temps.

En cours de danse, Moïra a l’habitude de faire des exercices de souplesse après ses échauffements. Evidemment, ce ne sont jamais des exercices plaisants. A l’occasion d’une promenade, nous nous arrêtons quelques temps sur une passerelle pour quelques étirements au soleil.

Ressentir la chaleur du soleil sur sa peau en ces temps, c’est euphorisant. En allant faire les courses, nous décidons de faire un détour pour prendre une photo dansée devant un lieu emblématique de Perpignan : le magasin « Aux Dames de France ».

Pour danser ensemble malgré le confinement, les professeurs de Moïra ont proposé à ses camarades et elle-même un cadavre-exquis dansé. Habituellement réservée aux arts plastique, la pratique s’est étendue à la danse. Le principe est simple : un danseur entame une phrase dansée d’une quinzaine de seconde et réalise un arrêt sur image de son dernier mouvement. Puis, il envoie la photo de son dernier geste au danseur suivant. Le tout formant une chorégraphie appelée Cadavre-exquis dansé numérique.

Bien que le futur d’une jeune danseuse après le confinement soit incertain, Moïra garde le sourire et reste en contact avec ses amis et futurs collègues. Elle prépare son déconfinement, comme tout le monde.